Ybrid
Khaos De Viscera
Ark-Aïk
Fondatrice du label Ark-Aïk en 2004, Ybrid est aussi et avant tout, une des rares filles à émerger de la scène hardcore avec des compositions où l'opéra rencontre le monde indus.
Mordue de musique depuis toute petite, c'est vers l'age de 12 ans qu'elle apprend le piano. Par la suite elle se mettra à la guitare en allant voir des copains répéter dans leur cave, elle se perfectionne à la fac et obtient son diplôme d'état de professeur de guitare classique. Elle rejoindra le groupe d'amis avec qui, elle jouera pendant plusieurs années. Parallèlement, par l'interstice de ses oreilles toujours en éveil, elle découvre Ministry, Nomeansno, Dead Kennedy's, mais aussi Yello, Art Of Noise, Kraftwerk. Puis, c'est l'arrivée des premières free parties et de ses sonos crachant du hardcore sur des sound systems survoltés. Laurent Hô, Manu Le Malin, Liza n'Eliaz lui ouvrent le chemin. Elle se met aux machines et multiplie les expériences, enrobant ses titres qui prennent forme, de mots latins, pour la beauté du sens, ouvrant les portes de l'imagination. Ybrid bâtit des cathédrales de mélodies métalliques se scratchant sur des murs rythmiques mouvants. Les cordes s'élèvent en de longues complaintes futuristes mettant à jour des opéras d'une société touchée par le virus de la globalisation. Elle alterne au fil de ses disques, ambiances indus ambient et hardcore, injectant au cœur de ses compositions, de premier abord sombres, quelque chose de festif qui ressemble profondément à la vie, avec ses hauts et ses bas, imprégnée de sueur et de sang. Sa musique est habitée par des spectres de chair couverts de plaies minérales. Ils traversent des voies aux clairs-obscurs réfléchissants, miroirs musicaux de L'Enfer de Dante. Les tripes se serrent avant de voler en éclats jouissifs pour se muter en violentes déflagrations hypnotiques. La pochette de son nouvel album, réalisée par l'artiste mondialement connu, Alessandro Bavari, illustre à merveille l'univers sonore d'Ybrid, tisseuses d'atmosphères épiques aux climats lourds et suintants. Les crissements se frottent à des pics de glace, les beats haletants courent devant une horde de cybers virtuels, poussés par l'instinct organique. Elle joue avec l'espace, projetant des salves de nappes synthétiques sur des architectures gothiques aux gargouilles grimaçantes. Une pluie de syncopes bouillantes vrillent le cerveau, appuyées par de mystérieuses litanie pour lesquelles François-René de Chateaubriand aurait pu écrire Quand le temps est mauvais, je me retire dans Saint Pierre ou bien je m'égare dans les musées de ce Vatican aux onze mille chambre et aux dix-huit mille fenêtres. Il y a dans cette ville plus de tombeaux que de morts. (Promenades dans Rome III 2ème époque).
Roland Torres